

Le café...

Il est une liqueur, au poète plus chère,
Qui manquait à Virgile, et qu'adorait Voltaire :
C'est toi, divin café, dont l'aimable liqueur
Sans altérer la tête épanouit le coeur.
Aussi, quand mon palais est émoussé par l'âge,
Avec plaisir encor je goûte ton breuvage.

Que j'aime à préparer ton nectar précieux !
Nul n'usurpe chez moi ce soin délicieux.
Sur le réchaud brûlant, moi seule, tournant ta graine,
A l'or de ta couleur fais succéder l'ébène ;
Moi seule contre la noix, qu'arment ses dents de fer,
Je fais, en le broyant, crier ton fruit amer ;
Charmé de ton parfum, c'est moi seule, qui, dans l'onde,
Infuse à mon foyer ta poussière féconde,
Qui, tour à tour calmant, excitant tes bouillons,
Suis d'un oeil attentif tes légers tourbillons.
Enfin, de ta liqueur lentement reposée,
Dans le vase fumant la lie est déposée,
Viens donc, divin nectar, viens donc, inspire-moi.


A peine j'ai senti ta vapeur odorante
Soudain de ton climat la chaleur pénétrante
Réveille tous mes sens ; sans trouble, sans chaos,
Mes pensées plus nombreuses accourent à grands flots.
Mon idée était triste, aride, dépouillée ;
Voilà que je me voit au coeur du forêt,
Et je crois, du génie éprouvant le réveil,
Boire dans chaque goutte un rayon de soleil.

Tiens le grille pain claque...
Il est l'heure de petit-déjeuner et d'aller au travail.

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